7h00 du matin. Météo France ne s'est pas trompée, l'anti-cyclone est toujours là. Le beau temps qui s'est installé depuis le début du mois sur la pointe de Bretagne continue à réjouir les plagistes mais à rendre la pêche difficile.
  La décision est prise depuis quelques jours : direction le large et les plateaux rocheux ou se forment de gros courants.
  Tout est prêt et nous sommes parés à embarquer: leurres, montages, cannes, moulinets, sans oublier les victuailles (aussi bien solides que liquides…).
  Le bateau file à 15 nœuds de moyenne, et au bout d'une heure de route, nous arrivons enfin sur zone.
  Je suis toujours aussi impressionner par les courants qui se forment ici : il faut dire que le relief marin est assez « cassant ». On peut passer de 42 m de profondeur à 8 mètres pour ensuite redescendre à 20 et remonter à 12, tout ça sur à peine plus d'une dizaine de mètres.
  Gérard replace le bateau et teste une première dérive à blanc, histoire de voir dans quel sens nous dérivons et à quelle vitesse.
Premier constat, malgré un coefficient inférieur à 60, nous dérivons déjà à prêt de
5 nœuds…
Nous refaisons deux autres dérives le temps de monter les cannes et de trouver le poisson au sondeur. En effet, en fonction de la force du courant, des coefficients et des vents, les poissons bougent et peuvent se situer sur des versants différents : tantôt au dessus du rocher, tantôt à l'ouest, tantôt à l'est…
Toute la difficulté réside dans le fait de savoir combiner courants puissants, vent, heures de marées et coefficients pour passer au bon endroit au bon moment. Cela revêt une double importance compte tenu du relief : d'une part les poissons sont postés, et d'autre part, le choix se limite souvent à soit un poisson soit un accroc en action de pêche !!! Nous perdons en moyenne une dizaine de montages par pêcheur à chaque sortie !!!
Dans ces conditions, nous avons optés pour une pêche en drop-shot à la verticale et je mets un hameçon simple inox renversé à œillet droit en lieu et place d'un hameçon texan. Cela permet de laisser plus de vie au leurre, sachant que les poissons prennent les leurres, en drop shot, principalement en tête. Compte tenu du relief de ce spot, je laisse en général, un bon mètre entre le plomb et le leurre. Cela me permet, en cas d'accroc de ne perdre que le plomb.
Je monte la canne de Fred (une canne à soutenir avec un shimano TLD 12) et lui explique l'action de pêche : c'est seulement la deuxième sortie pêche de sa vie et je compte bien faire en sorte qu'il ne l'oublie pas. Je lui fait donc débuter en dehors de la zone de pêche afin qu'il s'habitue avec le matériel et la technique et lui monte un Gary Yamamoto Cut Tail 4,5 pouces coloris cannelle pour débuter.
Le leurre est à peine au fond que c'est la première touche : un grosse claque à la quelle Fred ne s'attendait pas et qui manque de peu d'envoyer le matériel à l'eau. Poisson malheureusement décroché. Il me regarde, les yeux écarquillés: « Pu…. Mais c'est fou !!! ».
Nous arrivons sur la zone à proprement dite : je monte quant à moi un Cut Tail 6,5 pouces, histoire de sélectionner les prises. En effet, nous avons pas mal de détection entre deux eaux, et j'espère bien arriver au fond sans encombre : sûrement des maquereaux qui se baladent sur la zone. Fred ouvre le bal en touchant de suite un petit lieu de 35cm. Heureux l'ami.
Quant à moi, 2 dérives et deux montages laissés au fond : pfffff, pas facile….Je regarde le sondeur et constate que les poissons sont là le long des tombants, par près de 40 mètres de fond, collés à la roche. OK, je crois que je vais laisser quelques montages au fond…
Je remonte donc un Cut Tail, coloris 284 Rootbeer, tout en continuant à pêcher en 150g : je laisse descendre. Je sens un toc à la descente et c'est le ferrage : premier lieu qui vient gentiment se rendre à l'aplomb du bateau. La journée s'annonce bien.
A peine remis à l'eau qu'une nouvelle touche se produit. Bizarre, le leurre était à peine à mi hauteur : maquereau !!! Même sur un leurre de 16cm !!!
Fred quant à lui a un peu de mal : de peur de s'accrocher, il n'ose pas reprendre contact avec le fond à chaque fois que nécessaire. Du coup, il pêche décollé alors que les poissons sont collés à la roche, au milieu des algues. Quand à Gérard, le capitaine, pour l'instant il n'a touché qu'un gros tacaud. Mais bon, il faut toujours se méfier de l'eau
qui dort…
Les touches sont là mais pour le moment, assez éparses. Cela devrait commencer à vraiment donner d'ici une demi heure, les poissons se montrant plus agressifs, sur cette zone, entre -1heure et + 1 heure par rapport à la haute mer. Le courant se ralentissant, les lieux sortent pour chasser.
Je décide donc de modifier mon montage en rajoutant un hameçon sur mon bas de ligne. Je monte donc un cut tail 4,5 pouces cinnamome sur l'hameçon du haut et garde mon 6,5 pouces sur l'hameçon du bas. Au bout de quelques minutes, une tirée franche provoque un ferrage ample et immédiat.
Je décolle le poisson et le laisse gigoter deux à trois secondes juste au dessus des roches : cela ne loupe pas et c'est la deuxième touche, plus lourde, plus forte. Deux poissons sur ma ligne. Je pompe doucement mais ça prend du fil : les deux lieux doivent être sympas. Arrivés au bateau, les deux lieux s'avèrent être des…bars !!! Belle surprise.
J'ai à peine décroché mes bars que Gérard également sort un bar. Les poissons commencent à bien bouger.
Fred quant à lui, est emmêlé mais continue à pêcher : et il a raison. Il vient de toucher son premier joli lieu et le remonte avec fébrilité. Le lieu dans l'épuisette, il lâche un « wouah » qui veut tout dire !
Heureux l'ami !!!
Gary Yamamoto
L'heure tourne, les touches et les poissons se succèdent et les victuailles prévues pour le déjeuner sont toujours au frais.
Aller, pause casse-croûte !!! Les huîtres de Plouezoch et le Muscadet bien frais, puis le jambon de pays et le cru bourgeois de 98 ne font qu'accentuer le sentiment de plénitude. On est bien !!!
Le café avalé, il est temps de repasser aux choses sérieuses. Nous continuons ainsi à prendre du lieu bien calibré, quelques maquereaux et chinchards venant compléter le tableau.
Gérard quant à lui, refait son montage suite à une casse, et décide de réduire au maximum la distance entre le plomb et le leurre. Il ne laisse qu'une vingtaine de centimètres afin de pêcher le plus près possible de la roche. Au bout de quelques minutes, c'est la touche : lourde et puissante. Il faut de suite brider pour décoller le poisson du fond et éviter qu'il n'aille se réfugier dans la première
infractuosité venue.
Au bout de cinq minutes, le poisson arrive enfin en surface, épuisé par près de 30 mètres de remontée. Il est splendide : 5 kg. Comme je disais avant, toujours se méfier de l'eau qui dort.
Victor.