Premières impressions

Au premier regard, on se dit de suite que ce leurre va vraiment apporter un plus pour la pêche du bar. D’une longueur de 95 mm, ce leurre s’inscrit parfaitement dans la norme des proies constituant le principal régime alimentaire des bars : sardines, sprats,
anchois, éperlans…

La prise en main conforte immédiatement la première impression : c’est lourd mais ce n’est pas une enclume non plus, et nous ne somme pas en présence d’une cuillère. A priori c’est un leurre qui devrait permettre de pêcher loin (il faut penser aux pêcheurs du bord), tout en restant dans des poids « lançables » par n’importe quelle canne, et dans une taille complètement adaptée à nos côtes. Bref un vrai leurre conçu pour la pêche moderne aux leurres en mer. Reste à confirmer cela en pêche.

Les tests grandeur nature

Confirmation, ce leurre descend. Les premiers tests se font en effet au cul du bateau, histoire de voir comment se comporte le leurre à la descente. Environ 1 mètre pour 2 secondes : pratique pour explorer les différentes couches d’eau. Entre la version 25 g et 30 g, la vitesse de descente n’est que très peu éloignée. Le 30 g descend un poil plus vite mais bon, l’intérêt se trouve surtout lors d’une utilisation sur les zones de courant, le poids plus élevé aidant à la tenue du leurre.

Mais ce qui de suite surprend, c’est la nage du leurre à la descente. Le Blue Shot n’est pas un wander plus lourd : sa nage à la descente est bien différente. Il pique vers le fond oui, mais pas à la verticale : il se positionne tête légèrement vers le bas et descend ainsi en biais en adoptant un rolling prononcé, montrant ses flancs et ses reflets. Impressionnant. En entrecoupant cette descente par un ou deux twitchs avant de le laisser filer à nouveau, on désaxe complètement le leurre ce qui permet de le faire repartir vers le fond mais quasiment dans le sens opposé. Avec une mer relativement calme, ce leurre arrive à pêcher jusqu’à 15 mètres de fond sans problème.
Bref, pour le moment, je suis toujours étonné et fortement intéressé mais pas encore complètement conquis, comme St Thomas, je ne crois pas sans voir (chassez le naturel, il revient au galop !). Ce leurre a-t-il autre chose dans le ventre ou est-il simplement une jolie « cuillère » à la mode japonaise (là, je frise l’hérésie !!!) ?
Je suis volontairement provocateur car connaissant ce dont sont capables les ingénieurs Lucky, je me dis que ce n’est que la face visible de l’iceberg et que ce leurre doit forcément réserver d’autres surprises…
Alors allons-y, essayons autre chose.
Je lance le blue shot du bout du scion à une dizaine de mètres devant moi. Je laisse couler le leurre sur 2 mètres et j’entame une récupération linéaire au moulinet. Le leurre, qui n’offre que très peu de résistance, file en effectuant de jolis S assez longs mais peu prononcés et combine à cette nage « snake » un léger effet de rolling. Que ce soit sur une récupération rapide ou lente, le leurre garde parfaitement sa tenue. Encore un bon point : pour pêcher les bars difficiles, la combinaison leurre silencieux et nage en S, correspond exactement à ce que je recherche et apprécie chez un leurre sans bavette. Pour pêcher les chasses en pleine eau ou dans la vague, une nage linéaire rapide entrecoupée de stops qui laissent le leurre couler en ondulant comme une proie blessée doit être redoutable!!!
Second lancer à dix mètres, toujours en laissant descendre le leurre sur deux mètres : je ne récupère plus au moulinet mais je me lance dans une séance de twitching soutenu. Malgré ses 25 g, le leurre répond à la moindre sollicitation en de désaxant et en effectuant une sorte de Walking the dog ample tout en gardant une profondeur de nage constante.
Troisième lancer mais cette fois-ci en armant la Pluggin histoire de voir si ce leurre est capable d’aller débusquer les bars en maraude un plus au large : une fusée !!! Le leurre conserve une trajectoire bien rectiligne ; idéal pour pêcher les chasses en restant à bonne distance et pour les pêcheurs du bord pour qui lancer loin est parfois essentiel.
Après avoir été intéressé, je suis maintenant enthousiasmé !!! Un leurre qui permet à la fois de pêcher en mode vertical et en mode horizontal, qui se lance loin et est capable de pêcher de manière linéaire ou erratique : je prends de suite ??? Non, non, attendons encore un peu…
 

En pêche

Maintenant que j’ai pu voir de quoi était capable ce leurre en terme de maniements et de nage, passons au choses sérieuses.

Je positionne le bateau le long d’un plateau rocheux recouvert de 4 à 5 mètres d’eau, ce plateau étant longé d’une barrière rocheuse. Nous sommes à l’étale de pleine mer, et il arrive souvent que de jolis bars vadrouillent sur le plateaux avant d’aller se nourrir le long de la barrière rocheuse ; les petites proies qui se prélassaient sur le plateaux, entraînées par le courant qui se forme se retrouvant chahutées par les remous formés sur la zone.
J’attaque. Je laisse descendre une seconde et entame une récupération linéaire rapide : sur cette zone, je préfère travailler mon leurre de manière assez rapide et minimaliste histoire de surprendre les bars qui pourraient se balader tranquillement dans le coin, et déclancher ainsi le réflexe d’agressivité.
L’autre canne est montée avec un Staysee 120, afin d’alterner avec le blueshot sur cette zone et de pouvoir ainsi pêcher creux dans les deux cas, mais avec des maniements différents.
Premiers mètres de récupération linéaire, puis deux twitchs, et c’est la touche. Une orphie s’est laissée surprendre.
Staysee 120
J’insiste un peu sur la zone en variant les maniements. Comme je n’ai que 4 mètres de fond (plutôt accidenté) et que nous sommes à l’étale, je suis obligé de travailler constamment mon leurre et ne suis pas en mesure de pleinement tester sa capacité à prendre du poisson à la descente. Pas de touches. Je change donc et passe au Staysee que je travaille en stop and go ; des stops assez longs et une récupération lente et linéaire. Touche, un petit bar s’est laissé prendre : il retourne bien vite à l’eau. Un second se fera prendre de la même manière, leurre à l’arrêt.
Hum, les bars ont l’air d'être présents mais difficiles et peu enclins à faire des sprints endiablés ; nous sommes en début de saison, il fait 14° dans l’air et à peu près la même chose dans l’eau…
Je repositionne le bateau et reprend les maniements mais en travaillant moins en twitchs et plus en longues tirées en relevant la canne, de manière à décoller le leurre pour pêcher d’avantage à la descente.
Un second poisson vient se piquer dès le troisième lancer, à la descente du leurre, avant même que j’aie commencé la récupération. Un poil plus petit que le premier il repart rapidement à l’eau après la photo.
Je refais ainsi deux autres dérives, mais qui cette fois ne s’avèrent pas concluantes. Le vent s’est levé et nous sommes maintenant rentré dans la seconde heure de descendante. Le courant s’étant formé, j’échange mon Blue Shot 25g contre une version 30g. Le leurre étant plus stable dans le jus, je pêche mieux, je le sens de suite dans le poignet, simplement à cause de la « châtaigne » que je viens de prendre. Encore un joli bar.
Décidément, je suis conquis par ce leurre très tactile et en même temps très simple d’utilisation.
Je décide suite à cette nouvelle prise de quitter la zone et d’aller prospecter une zone différente. Un plateau rocheux avec environ 7 à 8 mètres d’eau entouré de sable. Ce plateau est en général fréquenté par des lieus calibrés autour du kilo et de jolis bars qui se poste à la limite roche sable à la descendante et au-dessus du plateau à la montante.
Je monte un Gary Yamamoto swim bait shad sur une tête 18 g sur la seconde canne histoire de tester les capacités du Blue Shot en comparaison avec des leurres souples, sur une zone que je connais bien et qui m’a rapporté de jolis poissons aux souples. Je prévois également d’autres souples un peu plus filiformes (senko, swimming senko, cut tail…) histoire de trouver le leurre du moment.
Gary Yamamoto
Je suis repassé sur le Blue Shot 25g. Je suis à la limite du plateaux et lance en longeant cette limite. 7 mètres de fond, je compte… arrivé à 10, je sens un mou dans le fil. Ferrage instantané. Le frein est bien réglé et ce joli poisson apparaît finalement assez rapidement à la surface. Une photo et le bar repart aussitôt.
J’ai le sourire. J’adore ce leurre : c’est ce qu’il manquait à la collection Lucky, et exactement le type de leurre que de nombreux pêcheurs en mer attendaient. Bravo aux ingénieurs qui l’ont mis au point : ils sont su écouter les pêcheurs, analyser leurs besoins, et produire le leurre qu’ils attendaient.
Patrick, qui est à l’avant du bateau est passé lui aussi sur un leurre sinking au profil un peu similaire au Blue Shot, mais qui demande a être twitché de manière beaucoup plus franche.
C’est la touche pour lui aussi. Arrivé à la surface, confirmation, c’est un lieu du kilo qui est remonté : la défense était plutôt molle dès que le poisson a été décollé du fond.
Pour ma part, je suis passé aux leurres souples histoire de tester la zone, et dès le premier lancer je touche du poisson : lieu du kilo. J’insiste encore un peu et reprend un autre lieu.
Patrick, quant à lui s’éclate sur les lieus, et touche du poisson à chaque lancer. Nous avons confirmation que les lieus sont collés au fond et réactifs aux animations courtes mais saccadées, mais que les bars eux, n’y sont pas du tout sensibles !!!
Je remets donc un Blue Shot, et essaie l’autre côté de la zone de sable en limite du plateau rocheux. Je laisse descendre le leurre de manière à ce qu’il aille se poser sur le sable. Je donne du mou progressif en fonction de la dérive, et anime de manière minimaliste, par tirées longues mais lentes. C’est la touche, à nouveau à la descente du leurre, après la tirée. Encore un bar.
Décidément, ce leurre a un énorme potentiel : il permet de pêcher différemment, en alternant temps forts dans le maniement et temps calmes. Là où Patrick enchaîne les lieus, que ce soit aux leurres souples ou aux leurres durs, avec le Blue Shot, en pêchant les mêmes postes, je fais du bar.
Pardon, je dis une bêtise, c’est un bar cette fois ci que Patrick remonte. Photo et remise à l’eau.
D’autres jolis poissons se succèdent sur le poste. Mais l’heure tourne et il va falloir bientôt penser à rentrer.
Je suis super content de cette sortie, malgré des conditions météo difficiles et le temps frais, de jolis poissons. Le Blue Shot a confirmé sur le terrain tout le bien que l’on pensait de lui.
Ce que je retiens : un leurre capable de travailler dans plusieurs couches d’eau, qu’il ne faut pas hésiter à laisser vivre seul en lui laissant un peu de liberté. Vous ne serez pas déçus !!!
A bientôt. Victor.