Le « loup en port », une pêche tout en finesse, par Fabien Duran
Pêcher le loup en port n’est pas complexe. Encore faut-il connaître les éléments clés qui vous faciliteront grandement la tâche dans la recherche de ce poisson tant convoité.

1. Pêcher le loup en port ne s’improvise pas ! 

Pour pêcher en toute sérénité, vous devez prendre en compte deux points importants. Le premier a trait à la réglementation à laquelle chaque port est soumis. Un conseil : la veille de votre sortie, n’hésitez pas à vous rendre à la capitainerie pour solliciter de la part du personnel en place l’autorisation de pratiquer votre passion. Au besoin, expliquez clairement votre mode de pêche. Rendez-le vivant et attirant. Faites prendre conscience au gestionnaire des lieux que vous saurez être une personne responsable, très respectueuse de l’environnement immédiat qui l’entourera. C’est bien souvent à cet instant que l’interdiction pourra se transformer en une tolérance partielle ou totale. Il serait dommage de vous rendre sur un site où vous ne pourriez pas être en mesure de lancer un seul leurre. Le second point important est de bien repérer le site et de vous renseigner au maximum sur la météo ou les marées. Des sites internet pourront vous y aider. D’un point de vue géographique, « Google Earth », ou « Google Maps » vous donneront une vision globale du lieu sur lequel vous avez jeté votre dévolu.

Pour la force et la direction du vent « Windguru » se révèlera très efficace. Enfin, pour les marées, si en Méditerranée ces dernières sont faibles comparées à celles des côtes atlantiques, leur impact est réel sur l’activité des poissons. Sur ce point « Shom marée » vous indiquera  les différentes hauteurs d’eau pour un horaire donné. Pour cette pêche, c’est d’ailleurs bien souvent à l’occasion d’une marée haute avec un vent faible à modéré que vous pourrez vous retrouver face à un beau pic d’activité. De belles prises sont néanmoins possibles dans des conditions météorologiques différentes. Il faut l’avouer, le hasard peut parfois bien faire les choses ! 

2. Utilisez un matériel adéquat

Arpenter les ports impliquant de voyager léger, votre matériel devra être en adéquation avec ce mode de pêche. Pour ce faire, privilégiez des cannes d’une longueur comprise entre 1,90 et 2,30 m maximum. Une canne trop courte comme une canne trop longue vous empêcheront de bien prospecter un secteur donné car vous serez gênés dans la gestion de vos animations. Leur grammage se situera idéalement entre 3 et 15 g. Les cannes type médium-light sont ici tout à fait appropriées comme la Lucky Craft ESG II HXF 7’7, donnée pour une puissance comprise entre 2.6 et 23 g et pour une longueur de 2.30 m environ. Si descendre dans de l’ultra-light est envisageable, il faut quand même pouvoir s’attendre à brider un beau spécimen en toute quiétude !

Concernant votre moulinet, préférez un 2500. Un moulinet de plus grande capacité est loin d’être indispensable car vos lancers dépasseront rarement une distance supérieure à une trentaine de mètres. Pour la tresse et le bas de ligne, évitez les diamètres trop fins. Côté tresse restez sur du 10 à 13 centièmes maximum. De même pour le bas de ligne (qu’il soit en nylon ou en fluorocarbone,) le bon compromis se situe entre 20 et 25 centièmes. Nous ne sommes pas dans du rock-fishing à proprement parler, mais dans une pêche légère, tout en finesse, destinée à tromper la légendaire méfiance des loups. Côté leurres, une recommandation : utilisez des leurres souples ou des petits poissons nageurs ! Pour les choisir, orientez-vous vers ce que vous pourrez observer comme poisson fourrage. Dans ce genre de configuration il est rare que la nourriture des prédateurs soit très volumineuse. Des leurres souples d’une taille comprise entre 2 et 4 pouces feront très bien l’affaire. A titre d’exemple : les Alive Shad (Roboworm) et les Finesse Worm (AAT) en taille 3 ou 4.

Pour les leurres souples, qui restent les leurres que j’utilise à 90 % en port, ne vous cassez pas trop la tête pour les équiper ! Une simple tête plombée ronde pourra très bien faire l’affaire. Son grammage se situera entre 2 et 5 g. Pas forcément besoin de plus dans ces lieux souvent calmes avec peu de courant.

Côté leurres durs, les jerkbaits tels que les Pointer 65SP et 78SP, Flash Minnow 80SP, et Humpback Minnow 50SP, seront les plus judicieux à employer.

Au demeurant ne laissez pas de côté les leurres de surface tels que les Bevy Pencil, ou les Sammy 65 et 85. Les attaques en surface sont toujours spectaculaires. Il serait dommage de s’en priver !

3. Les bons postes

Certains doivent retenir toute votre attention : le moindre espace entre deux bateaux, un bateau isolé, toutes les pannes où sont implantées des bornes lumineuses, les quais éclairés et leurs bordures, les bouées isolées, les fins de pontons, les bateaux dont la proue et/ou la poupe sont éclairées, les passes…

Essayez de tout passer au crible ! Si possible, ne négligez rien et abordez chaque poste « à pas de loup » en vous avançant quasiment accroupis. Pêchez au besoin avec un genou à terre. Dans tous les cas et si vous le pouvez, restez à un bon mètre du quai. Une ombre, un pas lourd, un geste trop brusque fera fuir un poisson sur ses gardes. Il ne faut pas perdre à l’esprit que ce sont les loups en poste que vous recherchez, ceux à l’affût et qui n’attendent que le passage de votre leurre pour s’en saisir. Il s’agit bien d’une vraie pêche en « finesse », dans tout son art…

Sur le bon poste, et lorsque vous pêchez aux leurres souples, jetez votre leurre et laissez-lui prendre contact avec le fond. Entamez immédiatement une récupération entrecoupée de légers twitchs. Elle ne devra être ni trop ni lente, ni trop rapide. Votre leurre doit évoluer à la manière d’un petit poisson désorienté. Si vous pêchez autour d’un bateau isolé, ou entre deux bateaux, la touche intervient généralement une fois la moitié de la longueur des bateaux dépassée. Ici, les loups sont en embuscade sous leurs coques. Pour les quais ornés de bornes lumineuses ou de lampadaires, les fins de pontons, ou les bordures, les loups sont souvent postés à leurs pieds. Veillez alors à ne jamais sortir votre leurre de l’eau tant que vous ne l’aurez pas senti toucher le quai. La touche intervient à ce moment dans 80 % des cas. On peut dès lors imaginer que lorsque le poisson-prédateur aura senti sa proie potentielle bloquée par un obstacle, celui-ci estimera être en mesure de déclencher son attaque. A cet instant, attention à la touche ! Soyez vigilants car les loups ont tendance à rechercher immédiatement les cordages ou à passer sous les pontons. Vous devrez alors rapidement écourter le combat et essayer de sortir convenablement leur tête de l’eau. Un conseil, relâchez-les quelques mètres plus loin sur une partie du parcours déjà effectuée. Moins d’agitations il y aura dans l’eau, plus vous aurez de chance d’en piquer un second, si tant est qu’il ne soit pas seul.

4. Une pêche à la limite du Street Fishing®»

Pêcher en port vous amènera à rencontrer des plaisanciers et beaucoup de pêcheurs savent qu’il n’est pas forcément aisé de pratiquer cette discipline en leur présence. En effet, qui n’a jamais croisé le regard intrigué des badauds attroupés aux terrasses des cafés ou en goguette le long des pannes ? Personne il me semble… Mais il faudra vous en accommoder, car les questions seront fréquentes. « Mais ?! Vous pêchez là-dedans ? », « C’est sale non ? ». Eh bien non, pas forcément. Alors à vous de sauter sur l’occasion pour démontrer aux passants que toute une vie existe dans ces lieux qu’ils considèrent souvent comme une vraie poubelle plutôt que comme un véritable terrain de jeu. Faites-leur prendre conscience qu’un port n’est pas obligatoirement un cimetière sous-marin, mais tout un enchevêtrement de caches potentielles où des heures de prospections peuvent être envisagées. Faites tomber les préjugés et là encore, expliquez-leur cette pêche en milieu urbain, à la limite du « Street Fishing® ». Vous vous demanderez sûrement pourquoi je dis « à la limite du Street Fishing® ? Simplement car tout comme en street, les déplacements et les prospections sont rapides, de quais en quais, de bordures en pontons, avec un matériel léger, très maniable et quelques leurres dans la poche. Les obstacles sont légion et chacun d’eux pouvant receler une cache, ils devront devenir vos alliés tout au long de votre parcours.  Enfin, on dit « pêche de rue », car le principe de la relâche d’un maximum de poissons est également préconisé. Pensez à préserver votre jardin. A cet effet, l’appareil photo vous permettra d’immortaliser vos prises au lieu de les conserver. L’important n’est pas de remplir le frigo mais bien de passer un agréable moment au bord de l’eau !

Finalement, vous en conviendrez, les possibilités de pêche dans ces lieux sont démesurées et nul doute que si vous ne l’avez pas encore pratiquée, vous en deviendrez complètement « addict » !

Alors, si l’expérience vous tente, il ne vous reste plus qu’à franchir le pas !